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Notre connaissance des bambous est avant tout pragmatique. Les cotoyer au quotidien, en tout temps et toutes saisons, est plus riche d'enseignement qu'un savoir emprunté, si vite déformé.
Les mutations que nous offre le hasard (13-06-2008)
Les mutations sont spontanées et se produisent aussi bien dans la nature qu'en culture. Certains bambous sont réputés très instables, comme phyllostachys vivax 'Aureocaulis', de couleur principale jaune avec quelques possibles stries vertes. Il est très fréquent de trouver des plants présentant une mutation en phyllostachys vivax 'Huanwenzhu', vert, au sulcus jaune. Le même pot, contiendra des chaumes de l'une et de l'autre variété. Cette mutation est tellement fréquente que nous la retrouvons une fois tous les dix à quinze plants.
La seconde mutation la plus fréquente qu'il nous est donné de rencontrer est celle de chimonobambusa quadrangularis 'Tatejima', jaune avec des stries vertes. Nous estimons trouver environ un plant sur vingt présentant un retour vers le type de couleur verte.
Nous avons encore pu observer de rares mutations de phyllostachys aureosulcata 'Spectabilis' en 'Aureocaulis' ainsi qu'un retour au type d'un bambusa vulgaris 'Striata'.

La mutation que nous présentons dans cet article est très particulière et originale, tout d'abord parce que rare, ensuite parce qu'il ne s'agit pas d'une simple mutation mais d'une triple, et ce, en l'espace d'une année.
Le point de départ est un plant de semiarundinaria yashadake 'Kimmeï', jaune au sulcus vert. Nous avons pu observer un chaume inversement coloré, soit vert au sulcus jaune. Nous avons laissé ce plant en l'état une année entière, espérant que le rhizome qui avait produit ce chaume continu son développement.
Au printemps suivant, tous les chaumes ont été sectionnés à l'exception de celui que nous nommerons 'Kimmeï-inversa'. Cette taille nous permettra de correctement observer les nouvelles pousses.
Les pousses sont rapidement apparues, dont certaines présentant une coloration différente de celle de 'Kimmeï'. Parmi ces pousses, nous avons constaté la présence de deux nouvelles 'Kimmei-inversa', ainsi que deux yashadake type (entièrement vert), mais également de deux pousses 'Holocrysa' (entièrement jaune).
Dans le même pot coexistent le type et trois de ses variétés.
'Kimmeï-inversa' et 'Holocrysa' sont extrêmement rares. A notre connaissance, un seul producteur les propose (aux USA). Cette rareté se vend d'ailleurs très cher.
Ce plant est à lui seul une merveille, original par le fait qu'il contient quatre bambous différents, mais également du fait de la rareté de deux d'entre-eux.
La chance nous permet de réunir sur une même photo trois jeunes chaumes différents. Une pousse 'Holocrysa' est visible dans le fond mais trop jeune, elle est encore cachée par ses gaines. Il nous a fallu enlever prématurément les gaines caulinaires afin de réaliser les prises de vue et vous en faire profiter. Vous trouverez ici une vue d'ensemble.
Suivi de la croissance journalière d'une pousse de bambou (10-04-2008)

Du 10 avril au 28 mai 2007 (48 jours), nous avons mesuré quotidiennement une pousse de phyllostachys aureosulcata 'spectabilis'. La mesure a été effectuée chaque matin à 6 H 30 précise. Quelques mesures ponctuelles ont été réalisées le soir vers 18 H 00 pour vérifier, qui du jour ou de la nuit, était le plus propice à la croissance.
Nous avons tout d'abord sélectionné une pousse facile d'accès à la périphérie d'un massif. La précision de la mesure est très bonne jusqu'à environ 2 m, puis d'une approximation de quelques centimètres par la suite (moins de 1% de la hauteur finale). Cette approximation n'a pas d'impact sur la construction de la courbe de croissance.
Le démarrage est relativement lent. Le turion croît de 1 cm journalièrement et accélère progressivement jusqu'à 3 cm. C'est dans les environs du 11 jours, alors que le turion mesure une trentaine de centimètres, que les prémices d'une acceleration brutale se font sentir. En quelques jours à peine, la pousse gagnera plus de 20 cm journaliers.
Cette régularité, favorisée jusque là par une météo uniforme, connaîtra des perturbations provoqués par des journées pluvieuses et fraîches, mais aussi par des jours de grande chaleur. Ces variations sont bien visiblent sur la courbe.
Le plus grand pic de croissance est atteint le 32 ème jour avec 30 cm. Cette valeur est a relativisé en raison de l'incertitude liée à la tolérance de la mesure. Il serait donc plus juste de considérer une moyenne sur plusieurs jours. En effet, du 28 ème au 35 ème jour, la valeur moyenne de croissance se situe entre 27 et 28 cm.
Nos mesures du soir nous en permis de mettre en évidence que l'essentiel de la croissance se déroule la nuit.